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Interview publiée le 26 Novembre 2006 sur le site "buddytv.com".

Comment êtes-vous arrivé dans le monde de la télévision ?

Je suis sorti de l’Université de Maryland avec en poche un diplôme en cinéma, télévision et radio. A cette époque, j’étais plus intéressé par la musique et je ne pensais pas que ce diplôme me serait utile. Mais quand j’ai déménagé à Los Angeles, j’étais dans un groupe de musique qui n’a pas duré longtemps. Je me suis retrouvé donc à Los Angeles, sans groupe, mais avec une petite amie (qui est aujourd’hui ma femme) et l’intention de m’en sortir dans une ville où sont tournés beaucoup de films et de séries. J’ai commencé à travailler pour Doug Wick qui a, cette époque, travaillé sur "Wolf" (N.D.L.R. en 1994). C’était un film indépendant et quand les fonds ont commencé à manquer, j’ai travaillé bénévolement. C’est là que j’ai tout appris. Je me suis mis à lire pleins de scripts, en osant croire que ça me rendrait meilleur. Je les voyais être vendus très chers et je les voyais plus tard en compétition au festival de Sundance (N.D.L.R. le plus important festival de films indépendants aux Etats-Unis). C’était très enrichissant d’être à la fois du côté du show et du côté du business. C’est ce qui m’a décidé à me lancer finalement dans l’écriture. Heureusement, j’étais bien entouré et j'ai terminé le scénario d’un film (N.D.L.R. "35 Miles from Normal" en 1997) que j’ai également réalisé. Un an plus tard, le film était cité au festival de Sundance. Ma carrière était lancée. Après, j’ai écrit plusieurs films. J’avais le plaisir de voir tous mes scénarios directement adaptés. Cela ne veut pas dire qu’ils étais tous bons mais c’était une chance pour un scénariste jeune et débutant comme moi car ça forge une bonne réputation. C’est ainsi que les films "Dangereuse Séduction" (N.D.L.R. en 2000), "The Perfect Score" (en 2004), "Coach Carter" (en 2005) ont été tournés. J’ai également écrit "One Tree Hill" mais cela na pas intéressé les studios, ils trouvaient ça trop convenu, qu’il n’y avait pas de quoi en faire un "grand film".
Quand j’étais sur le tournage de "The Perfect Score" (réalisé par Brian Robins qui est aujourd’hui producteur des "frères Scott"), il m’a demandé « pourquoi n’en pas faire une série télé ? ». Si quelqu’un l’achète, tant mieux, sinon, on pourra toujours en faire un film. Et c’est ce que nous avons fait. La WB (N.D.L.R. la chaîne diffusa les 3 premières saisons aux Etats-Unis) a acheté notre scénario et a commandé le pilote de la série. C’était le dernier pilote qu’ils ont choisi cette année-là et ils ont décidé de diffuser la série vers janvier/février 2004. Quand la série "Fearless" a été annulée, ils ont choisi d’avancer la série à septembre 2003. Les premiers épisodes ont réalisé les plus mauvaises audiences, toutes chaînes confondues. Mais c’était aussi la seule série à voir ses audiences progresser 8 semaines consécutives. Je pense que c’est parce que nous ne sommes pas partis avec grand-chose, la presse ne nous était pas favorable et que la diffusion avait été avancée. Peu à peu, les téléspectateurs ont accroché et à Noël, on avait déjà un public solide. Chaque année, nous sommes en danger mais à chaque fois, on s’en sort. Aujourd’hui, on en est à 77 épisodes !

Le basket-ball a une place importante dans votre travail. Plus jeune, étiez-vous fan ? Est-ce que vous jouiez ?
Oui, j’étais un grand fan. Mais j’étais plutôt petit alors je n’ai jamais joué dans un cadre officiel. Comme Micro (probablement le personnage auquel je ressemble le plus), j’adorais le jeu et je traînais avec des sportifs. J’ai fait du street-ball, comme Lucas, et avec de l’entraînement, j’étais devenu plutôt doué. Quand je suis arrivé à Los Angeles, j’ai commencé à supporter les « Clippers » (N.D.L.R., la deuxième équipe de basket-ball de Los Angeles, qui vit dans l’ombre des Lakers…) J’avais même acheté l’abonnement pour assister à tous les matchs de la saison. J’étais également ravi que Darius (N.D.L.R. Milles, ancien joueur des Clippers) participe au film "The Perfect Score". Je pense qu’il y a eu des fantastiques films sur le sport car c’est un domaine formidable pour raconter des histoires sur les êtres humains.
On dit que "les défaites forgent le caractère". John Wooden (N.D.L.R. un ancien champion de basket-ball) disait : "les défaites forgent le caractère… et le révèlent". Je pense qu’il avait raison. Quand on met des gens sur un terrain, même aujourd’hui, on découvre qui ils sont réellement. Sont-ils fair play ? Vont-ils essayer de se surpasser ?[…]

Vous êtes-vous inspiré d’autres séries ?
Oui, je pense que la plupart des gens vous diront "Angela, 15 ans". C’était une série que j’appréciais beaucoup, que je trouvais très "humaine". Elle était extrêmement ambitieuse, sans chercher à être à la mode. Le personnage interprété par Claire Danes était si vrai. Je dis toujours à mon équipe que j’aurais aimé qu’on fasse du meilleur boulot, que les moments simples dans la vie soient les plus importants. C’est ce que nous avons toujours essayé de faire. [...]

L’année dernière, vous avez du gérer la séparation entre Chad Michael Murray et Sophia Bush. Est-ce que cela a affecté l’ambiance sur les plateaux de tournage ? Comment est-ce maintenant ?
Vous savez, à ce sujet, ils ont été très professionnels. L’année dernière, j’évitais le sujet car ce ne sont pas mes affaires. Nous n’avons jamais adapté l’histoire à leur relation. Je leur ai expliqué et je l’ai même annoncé publiquement. Quand ils s’étaient fiancés, je leur avais souhaité d’être heureux le plus longtemps possible mais si pour une raison, les choses se déroulaient mal, ils ne devaient pas oublier qu’ils sont là avant tout pour le travail. Il ne nous était pas possible d’adapter leur histoire à la série. Tous les acteurs ont leurs problèmes mais ils restent très professionnels. Je sais que des rumeurs prétendaient qu’ils ne voulaient plus travailler ensemble mais c’est faux. Maintenant, je ne suis pas tout le temps à Wilmington. Je suis plus souvent à Los Angeles. Et j’imagine qu’il y a dû y avoir quelques disputes. C’est ce qu’il se passe quand on doit travailler avec la personne avec qui on vient de rompre. […]

La série est diffusée à une heure intéressante : vous bénéficiez de la popularité de "America's Next Top Model" (N.D.L.R. émission diffusée juste avant "les frères Scott", sur la même chaîne) mais vous êtes faces à des rouleaux compresseurs comme "Lost" et "Esprit criminels". Quelle a été votre réaction quand la CW a annoncé sa grille de programme ?
J’étais déjà content que la série soit dans la grille ! J’aurais été très déçu de ne pas avoir l’année de Terminale en entier (N.D.L.R. chaque saison correspond à la moitié d’une année scolaire). J’ai réalisé le dernier épisode de la saison 3 et nous sommes partis avec de nombreuses interrogations. J’ai toujours dit que s’ils nous donnent une 4ème saison, ils voudront une 5ème saison. Et je continue de croire que c’est vrai. Si on regarde les chiffres, les audiences étaient meilleures pendant la saison 2 mais elles sont bonnes. Elles pourraient être meilleures. En tout cas, aucune série n’a autant retenu les spectateurs de "Top Model" que "Les frères Scott". Je n’ai jamais été inquiété par Lost ou Esprits criminels. Quand on était sur la WB, on s’inquiétait de la concurrence de la chaîne UPN car on avait un concurrent à notre taille. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Nous ne les battrons jamais. (N.D.L.R. la CW est satisfaite quand une série attire 5 millions de téléspectateurs. Les autres chaînes attendent le triple...). On les bat peut-être dans une ou deux catégories de populations (N.D.L.R. les filles de moins de 25 ans) mais en ce qui concerne les "ménagères de moins de cinquante ans", nous ne tenons pas la comparaison. Les fans aiment penser qu’il y a une compétition entre "Veronica Mars" et nous, ou qu’il y avait avec "Newport Beach" ou n’importe quelle série. C’est faux, j’ai beaucoup de respect et d’admiration pour les personnes qui travaillent sur ces séries car je sais combien c’est dur. Au moins, nous ne sommes pas en face de "Grey's Anatomy" ou une autre série très populaire auprès du public féminin. Je suis vraiment content que "les frères Scott" suivent "Top Model", c’est une bonne idée de la CW. Quand leurs scores baissent, les nôtres aussi. C’est comme cela que ça marche mais je suis ravi d’être associé à cette émission.

Paul Johansson (Dan) a réalisé plusieurs épisodes. Est-ce différent d’avoir un des acteurs derrière la caméra ?
Moira Kelly (Karen) va réaliser le suivant (NDLR le 4.1?). Elle commence demain, et elle en a déjà réalisé un autre (NDLR : le 3.19). Paul est très doué. Il a bien compris le boulot et en fait du bon ! Moira est encore à ses débuts : elle va toujours voir les acteurs avant de tourner pour leur demander ce qu’ils veulent essayer de faire passer dans la scène, comment ils la ressentent et leur explique comment elle voit la scène. Paul est plus direct. Il dit "voilà ce que j’attends de toi", même s’il est aussi acteur. J’ai écrit des scénarios, j’ai réalisé des films et maintenant, j’ai même fait un peu de comédie. Je fais une apparition dans l’épisode 4.10. En tant que réalisateur, quand j’écris une scène, je l’imagine précisément, puis je vais voir les acteurs et je leur explique comment je vois la scène mais j’essaie d’être assez souple. Je pense que quand c’est un acteur qui réalise un épisode, il se sent plus libre et surtout respecte un peu plus les autres acteurs. [...]

Les frères Scott ont un rythme particulier (deux saisons pour une année scolaire). Ce choix, c'était pour prolonger la saison de basket-ball ou y avait-il d'autres raisons ?
C’est en partie cela. Pendant la 2ème saison, il n’y avait pas du tout de basket-ball et la série semble en avoir un peu souffert. Les matches de basket-ball sont pour nous, ceux que sont les crimes, les tribunaux ou les salles d’opérations pour d’autres. Dans ces séries, ce n’est pas les enquêtes ou les opérations le plus important mais les relations humaines qui les entourent. Le basket n’est qu’un prétexte pour voir comment les gens se comportent à l’approche d’un match ou d’un tournoi. De plus, les jeunes sont déjà très matures. Plusieurs vivent sans adulte, ils conduisent des voitures, ils font des choses d’adultes. Lucas et Nathan étaient des joueurs importants dans l’équipe, voire les plus importants. Je n’imaginais pas cela encore possible une fois à l’université. C’est pour cela que je voulais les garder au lycée le plus longtemps possible. Toutes les séries que je connais ont perdu de l’énergie en passant du lycée à l’université. En plus, c’est difficile d’envoyer tout le monde dans la même université et que tout le monde reste ensemble pour une raison quelconque.

Une dernière question. L’année prochaine, les lycéens iront à l’université. Comment s’effectuera la transition ?
Je veux faire quelque chose de sans précédents. "Sans précédents" parce que peut-être c’est une mauvaise idée ! Ou alors "Sans précédents", comme le mariage de Nathan et Haley, parce que peut-être personne n’a osé le faire et c’est réellement une bonne idée. Je veux sauter l’université ! Ce que j’aimerais faire, c’est la remise de diplôme à la fin de la saison 4 et commencer la saison 5 cinq années plus tard. Parce que cela permet de créer un nouveau monde qui est en même temps familier. Ce que je veux dire, c’est qu’on a suivi les personnages pendant 4 ans mais si on ignore ce qui leur est arrivé pendant les 4 années suivantes, cela permet de créer de nouvelles situations. [...] Par exemple, si Lucas sortait avec une fille qu’on n’ait jamais vu avant : comment cela se serait-il passé ? Quels choix auraient conduit à cela ? On découvrirait leur vie actuelle et grâce à des flash-backs, on pourrait expliquer comment on en est arrivé là. D’ailleurs, les jeunes acteurs interpréteraient des personnages dont l’âge est plus proche du leur. Je n’ai jamais vu personne faire cela. Je trouve cette idée fantastique, en tant que scénariste. Il m’est très difficile de ressentir l’adrénaline comme c’était le cas dans la 1ère saison. Au lieu de faire aller les personnages à l’université et de raconter toujours les mêmes vieilles histoires, les emmener dans un nouveau monde où l’on peut raconter de nouvelles histoires, c’est terriblement plus excitant pour moi et, je pense, pour le public aussi.

C’est vrai que les séries qui passent du lycée à l’université ne fonctionnent jamais !
Je suis d’accord. Je suis le type de personne à reconnaître clairement si j’ai raté quelque chose. Je pense que faire un bond de cinq ans dans le futur serait vraiment une bonne idée. Et si ce n’était pas le cas, je serais le premier à le reconnaître. Révélations sur la saison 4 : Quand nous avons écrit l’histoire du faux Derek, nous savions que c’était une idée intéressante qui nous permettrait d’avoir de bons épisodes et c’était l’occasion pour Peyton de vivre des moments forts. Quand mon équipe et moi-même écrivons un moment fort, nous ressentons tous une excitation à l’idée de savoir que cela va changer l’existence des personnages. Et c’est le cas en ce qui concerne l’idée de sauter 5 années. Alors j’espère vraiment que nous aurons une saison 5 et si c’est le cas, c’est le projet que je présenterais à la chaîne. Je pense que ce serait la meilleure chose qui puisse arriver à la série et aux acteurs, au bout de 90 épisodes. Je pense qu’ils prendront également beaucoup de plaisir à faire cela.

Merci Mark.

 

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